Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi 05 octobre au gynécologue Congolais Denis Mukwege et à la militante Yazidie Nadia Murad «pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre».
Cette année, 331 individus et organisations ont été proposés pour la prestigieuse récompense décernée chaque année à Oslo. Ce vendredi, le Dr Denis Mukwege et la militante Yazidie Murad ont été annoncés comme lauréats du prix après avoir été désignés par les cinq membres du comité norvégien. «Denis Mukwege et Nadia Murad ont tous les deux risqué personnellement leur vie en luttant courageusement contre les crimes de guerre et en demandant justice pour les victimes», a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen.
Le premier avait déjà été pressenti par le passé pour obtenir la récompense. Dr Denis Mukwege, 63 ans, est un gynécologue qui soigne les victimes de violences sexuelles en République Démocratique Du Congo. Expert reconnu au niveau mondial de la réparation des dommages physiques causés par le viol et les violences sexuelles, il milite pour faire reconnaître le viol comme une arme de guerre. Pour son combat, il devient une cible et échappe à une tentative d’attentat qui le force un temps à l’exil en Europe avant de revenir reprendre son travail avec les victimes de ce qu’il considère comme «une guerre sur le corps des femmes». En 2014, l’Union européenne lui avait remis le prix Sakharov, récompense honorant les personnes ou organisations qui ont consacré leur vie à la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
La seconde est âgée de seulement 25 ans mais a déjà survécu aux pires heures traversées par son peuple, les Yazidis d’Irak, jusqu’à en devenir une porte-parole respectée. Nadia Murad a été retenue captive pendant près de six mois par des hommes de l’État islamique (EI), lors desquels tortures, viols collectifs et mise en esclavage lui ont été infligés. Elle parvient à s’échapper de ce calvaire, rejoindre l’Allemagne et commence alors à témoigner et à se battre pour que les crimes de l’EI soient reconnus comme un génocide. Celle qui a été nommée «ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains» a également obtenu le prix Sakharov en 2016.
Le prix, qui consiste en une médaille d’or, un diplôme et un chèque de 9 millions de couronnes suédoises (environ 865.000 euros), est remis à Oslo le 10 décembre, date anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896). Dans un testament rédigé un an avant sa mort, l’inventeur de la dynamite avait souhaité voir récompensés «ceux qui au cours de l’année écoulée auront rendu à l’humanité les plus grands services».